Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Spiral

De musique avant toute chose

The Dukes of Stratosphear Psonic Psunspot (Virgin, 1987)

C'est merveilleux: un projet complètement accessoire, totalement inutile, lancé par des musiciens qui n'ont plus rien à perdre, en compagnie d'un label qui est au moins content de ne pas se retrouver avec le même plan média que d'habitude, et qui devient du même coup l'acte le plus significatif du groupe depuis très longtemps... Les gens qui se cachent derrière le faux groupe The Dukes of Stratosphear ne pouvaient pas mieux tomber: leur EP 25 o'clock, prévu à l'origine pour être un simple canular (le disque est effectivement sorti le 1er avril 1985), a obtenu tant de succès que la suite devenait inévitable.

Car le public réclamait un nouveau disque de cette expérience de parodie savante de l'époque psychédélique. Le label réclamait un nouveau disque dans le même esprit que le premier. La presse blasée, et prête à parler d'un deuxième summer of love à cette époque, a encouragé un nouveau disque. Jusque des groupes contemporains respectés comme XTC qui ont, dans les notes de pochette de l'album Skylarking, sorti en 1986, été jusqu'à remercier les Dukes de leur avoir prêté leurs guitares! C'est dire si on attendait ces gens-là au tournant.

Et soyons justes: Sir John Johns, The red Curtain, Lord Cornelius Plum, et E.I.E.I. Owens avaient tant adoré cette expérience en compagnie de John leckie, qu'il leur tardait de recommencer, cette fois avec un album complet. Voici donc le deuxième opus longue durée, un album concept sous pochette à battant, qui prolonge l'expérience de 25 o'clock...

Les avis sont partagés: d'un côté, les gens qui estiment que la blague a assez duré, et que bien des chansons là-dedans auraient mérité d'être traitées à leur juste valeur, comme des chansons sérieuses et non des prétextes à gag: The affiliated, ou Brainac's daughter, ou Vanishing girl. Ils ont raison sur un point: oui, ces chansons sont formidables.

De l'autre, un grand nombre de gens se rendent à l'évidence: le traitement subi par ces chansons pour les rendre compatibles avec l'idée qu'elle auraient pu être réalisées en 1967, ne les trahit nullement, au contraire: elles en acquièrent une vérité fabuleuse. Les chefs d'oeuvre en sortent renforcés, voir par exemple You're my drug ou les chansons évoquées plus haut, et les titres un peu moins importants prennent de l'importance: qu'on pense à Have you seen Jackie, ou You're a good man Albert Brown, par exemple: dans ce contexte de pastiche éhonté, elle en deviennent justes et poignantes...

Et puis il y a la merveille des merveilles: Pale and precious, qui ressemble tellement à une chanson qu'aurait pu écrire Brian Wilson,  et qu'on imaginerait sans problème chez Pugwash aux côtés de It's nice to be nice, chez XTC aux côtés de Chalkhills and children ou Then she appeared, ou chez The milk and honey band aux côtés de Four leaf clover: autant de chanson-pastiches qui doivent certainement beaucoup aux Beach boys, mais qui doivent surtout tout à ce groupe qui n'existe pas, et à cette chanson fabuleuse qui clôt l'album, finissant de dresser une image affectueuse et cultivée d'une période glorieuse de l'histoire de la musique populaire.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article