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Spiral

De musique avant toute chose

Martin Newell The greatest living Englishman (Humbug, 1993)

Il le dit lui-même à travers le titre de cet album: on ne fait pas plus Anglais que Martin Newell... Il dit aussi autre chose, à qui veut bien l'entendre: évoluer? pour quoi faire? pourquoi s'adapterait-il aux modes ambiantes, lui qui affirme avoir découvert la musique dans les albums et singles des Beatles, de The Move et des Kinks? Lui qui est devenu musicien en écrivant des chansons dans un style résolument sixties, mais au coeur des années 80 en créant une entité musicale extravagante, qu'il écoulait de façon confidentielle sur des cassettes enregistrées en low-fi à la maison, sous le nom improbable de The Cleaners from Venus... Ca nous rappelle, bien sûr, les débuts de Porcupine Tree, mais Martin Newell n'est pas devenu aussi influent que Steven Wilson. Et ça nous rappelle surtout lesDukes of Stratosphear...

Sauf que bien sûr, Martin Newell, lui, 

1: existe

et 

2: n'est pas XTC.

Remarquez, le batteur de cet album (ainsi que le producteur, mais son crédit n'a rien de commun) s'appelle Andy Partridge. Et le responsable des guitares véloces et sublimes de l'album suivant (The off-white Album) s'appelle Dave Gregory. 

Mais reprenons. Martin Newell, poète musical tombé dans la pop Anglaise et les variations des Beach Boys, et totalement désintéressé, est donc un artisan de la musique Anglo-saxonne, un vagabond à guitares et pianos, nanti d'un (petit) carnet d'adresses, et d'un talent certain pour la ritournelle qui fait du bien, et le verbe mi-ironique, mi-surréaliste. Il porte chapeaux et bottes, vit dans les environs de Colchester en gentleman farmer, et chante en Britannique accompli, d'une voix qui ne cherche jamais à s'excuser d'être singulière, en s'accompagnant de morceaux renversants par leur génie du collage sonore. L'impression qui se dégage des quatorze titres qui composent cet album est celle d'une perfection oubliée, d'un savoir-faire presque évident, avec des sons qui font plaisir: des rythmiques qui n'oublient jamais de se situer en droite ligne de Rain des Beatles (peut-être le plus grand morceau de toute la période? en tout cas celui avec la descendance la plus fournie), et des harmonies vocales en veux-tu en voilà...

Et on se fera le plus simple des plaisirs en rentrant dans cet album qui est superbement séquencé en prime: de Goodbye dreaming fields (Avec sa rythmique engageante et ses harmonies diaboliques), à l'étrange folk "homemade" en bottes boueuses de Elizabeth of Mayhem, en passant par The greatest living Englishman (et ses pianos qui sortent tout droit d'une version clandestine de Nonsuch de XTC), tout est ici affaire d'adhésion, à un univers fait de visites nocturnes au pub local, de journées passées à regarder les radis pousser, et de petits moments de pure félicité, amenées par un choeur parfait, un refrain qui vous reste en tête toute la journée, ou solo de guitare totalement sublime (il y en a deux notables ici: un de Partridge, et un autre d'un éminent spécialiste de la pop psyché Anglaise, Captain Sensible. 

Bref, si vous voulez faire un tour en compagnie d'une fanfare de soldats de plomb, et visiter le Village Green... Martin Newell sera un guide incontournable.

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