De musique avant toute chose
5 Novembre 2022
2015: Squeeze a sorti son dernier album en 1999, dans ce qu'il faut bien appeler l'indifférence générale, à commencer par la leur. Après 22 années à travailler ensemble, les deux amis d'enfance Glenn Tilbrook et Chris Difford avaient sans doute bien besoin d'un break... Mais le groupe est revenu moins de dix ans plus tard, dans le but de faire des concerts.
C'est pour ça qu'on est étonné de la production tardive de cet album, qui offre pas moins de 12 nouvelles chansons... et une équipe régénérée autour des deux vétérans: en plus de Tifford Dilbrook (comme ils s'étaient renommés pour l'album Play en 1991), on trouve donc ici notamment Stephen Large, excellent pianiste qui doit prendre la place légendaire de deux monstres sacrés (tous les deux dans un style bien différent); le batteur est Simon Hanson, et si le packaging montre la bassiste Lucy Shaw, l'essentiel des pistes sur l'instrument est dû à John Bentley, qui fut de 1980 à 1982 le bassiste du groupe.
C'est un album concept... Le premier du groupe! Comme quoi il ne faut jamais désespérer du troisième âge! D'ailleurs, Glenn Tilbrook (musique) et Chris Difford (paroles) ont construit le disque avec maestria autour d'une situation assez classique: passer de la vie d'enfant à la mort en passant par toutes les étapes, ce qui pour un maître de la chanson qui célèbre le quotidien comme Difford, ne posait pas vraiment problème. Mais Tilbrook a réagi en proposant aussi une progression musicale sans faille, c'est donc l'un des plus réussis de tous les albums de Squeeze...
Donc on se laissera aller sans problème d'autant que comme l'excellent Play (1991), cet album réussit un pari qui est toujours risqué: traiter chaque chanson comme si c'était la seule, et y cramer tout le budget! Les couches instrumentales sont tellement nombreuses qu'on se refuse à compter (Alors, rien que sur Nirvana, on constatera la présence d'un ensemble de cordes, et un sitar proéminent, en plus des nombreuses pistes de guitare) mais on ne s'y perd jamais. Et on retrouve cette pop ligne claire et volontariste, avec les deux voix opposée: pleine de soul, haut perchée, pour Tilbrook, et très grave pour Difford, et les deux nous régalent de ces ligens mélodiques partagées qui font le style de Squeeze.
Bref, aucune raison de se priver de ce qui aurait pu n'être qu'un album de plus ou un album de trop. Je me souviens qu'à sa sortie, je m'étais dit que c'était le meilleur album de Squeeze en vingt ans, et tant pis s'ils n'en avaient fait qu'un autre durant cette période!