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Spiral

De musique avant toute chose

Pugwash The Olympus Sound (1969 records/EMI, 2011)

Au départ, il y a Thomas Walsh: ce musicien de Dublin est bien plus qu'un guitariste compétent et un excellent chanteur. Il est aussi un connaisseur de la pop et de son fonctionnement, qu'il a pu étudier depuis chez lui, avec sa faramineuse collection de disques. Et il a sauté le pas en 1999 en sortant un album, excellent, sur un petit label local (Velo Records) sous le nom de plume de Pugwash... Almond tea n'était que la première pierre de l'édifice mais l'excellence de l'album ne fait aucun doute. De même pour les trois suivants, parus chez 1969 records, et plus ou moins disponibles aujourd'hui: Almanac en 2002, Jollity en 2005, et enfin le splendide Eleven modern antiquities en 2008. Tous ces albums sont signés Pugwash, et toutes les chansons Thomas Walsh (parfois co-signées avec Duncan Maitland, Keith Farrell ou même... Andy Partridge!)... Mais ça ne faisait aucun doute, compte tenu du fait que Thomas Walsh est le seul dénominateur commun de tous ces disques. Ce qui l'autorisait d'ailleurs à faire appel à d'autres musiciens. Excusez du peu: Tosh Flood, Keith Farrell, Duncan Maitland donc, mais aussi Neil Hannon, Andy Partridge, ou encore Dave Gregory sont tous passés par la case Pugwash durant cette période, sur l'un ou l'autre de ces albums...

Mais avec The Olympus Sound, Walsh s'est enfin décidé à donner une vraie identité au groupe, en en partageant l'ordinaire avec trois excellents musiciens, Tosh Flood (Guitare et chant, qui co-produit), Shaun McGee (Basse et chant), et Joe Fitzgerald ont donc été membres officiels de Pugwash de 2011 jusqu'à 2017. Et leur premier album revendique cet état de groupe avant tout, en limitant la participation d'autres musiciens (même si on aura quand même droit à un certain nombre de belles apparitions, à commencer par une apparition de Neil Hannon aux claviers sur 6 des 12 chansons discutées ci-dessous...). Et le résultat, me direz-vous?

Eh bien, Thomas Walsh écrit des chansons qui sont inspirées de la pop et du rock anglo-saxon des années 1966-1972, ne vous attendez donc pas à du shoegazing, du rap ou de la mazurka. C'est du Pugwash, quoi, de fabuleuses chansons aux arrangements millimétrés, qui ne cachent jamais leurs influences, et qui parlent toutes de la vie de Thomas Walsh, en laissant les enjolivements d'adapter à chaque mélodie et chaque structure:

Answers on a postcard: chanson pop par excellence, celle-ci fonctionne comme une chanson de ELO, à savoir que chaque changement de mesure fait l'objet d'une idée géniale... et qu'on y entend l'inattendu, par exemple un ensemble de kazoos. Irrésistible, c'est le premier single de l'album.

There you are: avec son beat électronique effectué au synthé, la chanson louche du côté de la fin des années 60, et de l'arrivée d'une pop inspirée de la musique orientale... sauf que ça ressemble à tout autre chose, et que les voix nous emmènent dans plusieurs directions. et la rythmique est formidable, Joey Fitzgerald relance la machine d'un rien, et Tosh Flood se permet un joli solo fortement teinté de rock psychédélique. Comment s'en étonner, quand on sait que tous ces gens ont été traumatisés par l'écoute de Rain, des Beatles?

To the warmth of you est une chanson d'amour amère car l'amour y est empêché par le temps qui passe, ou qui est déjà passé. C'est en 3/4, et a partie de cordes (Enregistrées à Abbey Road, tant qu'à faire) est la seule contribution de Dave Gregory à cet album, mais quelle beauté! Notons que Gregory est présent en revanche avec sa Les Paul sur une rareté, la chanson You can build a house on love qui était un bonus ITunes de cet album. Mais pour revenir à la chanson, s'il fallait rappeler quel chanteur Thomas Walsh est, écoutez cette chanson séance tenante!

Fall down: le deuxième single a tout pour être irrésistible, mais est plus ou moins passé inaperçu. Dommage, car c'est superbement construit, avec son mélange en douceur de guitares acoustiques et électriques. On mesure ici l'apport d'avoir deux guitaristes (Walsh et Flood) à résidence. le résultat final va se loger en vous pour toujours. Vous ne vous en rendrez même pas compte au départ... 

Be my friend awhile: les guitares s'électrisent un peu plus avec cette ballade simple, qui fait entendre un beau passage de Mellotron, et un refrain simple mais effectif. POur faire bonne mesure, mentionnons le break de cordes en piizzicati!

Dear Belinda: je ne sais pas qui est cette Belinda, mais une fois de plus la chanson fait dans la pop claire et ultra-mélodique. Elle est devenue un standard du groupe et des concerts solos de Thomas Walsh, avec raison! Le piano y est tenu par Ben Folds, qui est un homme de goût: ça s'entend.

15 kilocycle tone est une expression que tout étudiant des Beatles a trouvée sur son chemin à un moment ou un autre... je vous laisse chercher. Dès le début de la chanson on est en 1967, avec le phasing, le tremolo, une forte dose de fuzz sur la Jazzmaster de Tosh Flood, et une rythmique typique. Sur chaque album de Pugwash (aucune exception parmi les sept, je vous le garantis), une chason au moins s'adonne à ce genre musical très codé, dont Tosh Flood (Qui s'adonne ici à un chouette solo 'à la manière' de ses grands maîtres) et Thomas Walsh sont décidément des experts.

I don't like it but I gotta do it: rarement une chanson sur la contrainte aura été si belle, si sautillante! les choeurs sont splendides, les guitares aussi.

Here we go round again: sortie sur un EP en 2012, ce qui en fait donc un troisième single extrait de l'album, cette chanson est co-signée avec Andy Partridge, dont vous repérerez facilement la voix, aussi douce soit-elle, sur le refrain. Pour le reste, voir plus haut: guitare avec fuzz, mélodie fédératrice, joie musicale. 

Such beauty thrown away: avec son introduction acoustique, dans laquelle vous entendrez une belle partie de guitare (en octaves), une belle partie de basse, et des flûtes trop belles pour être vraies (c'est un son du Mellotron), une superbe ballade de plus sur l'album... Mais on évite trop de délicatesse, car il s'agit d'une chanson, une fois de plus, amère, qui se joue des accords, parfois très complexes, qui la composent...

See you mine (Coda): avec son rythme martelé, on est une fois de plus très proche des Beatles, et les guitares sont une grande preuve de goût. ...Tiens! un vibraphone!! un parfum de chanson des Beach Boys, mâtinée de Mellotron, se fait agréablement sentir. Thomas Walsh a, il est vrai, gagné un prix avec une merveilleuse chanson en hommage à Brian Wilson (It's nice to be nice, sur Jollity). Quand les choeurs arrivent, à 2:25, on se rend compte qu'on a entre les oreilles la plus belle chanson des garçons de la plage depuis... Pale and precious des Dukes of Stratosphear!

Quant au sous-titre (Coda) il nous annonce qu'il y a là un morceau caché... une petite reprise =, mélange de sons déformés et d'une harpe!

Four days: la place de la chanson psychédélique est généralement à la fin d'un album de Pugwash, mais comme 15 kilocycle tone est déjà placé en septième position, pour finir l'album Thomas Walsh a décidé de prendre cette belle ballade, toute en douceur et en sons sublimes... Là encore, le fantôme des Beach Boys passe sur cette chanson qui tente de garder ses secrets, mais parle probablement d'une période de déprime un peu sévère, et un peu trop arrosée. c'est en tout cas mon hypothèse...

Voilà... Le cinquième album de Pugwash (ainsi nommé, à propos, parce que l'essentiel des maquettes de la première heure ont été enregistrées sur un appareil Olympus...) a considérablement élargi leur audience, et tant mieux. Il a aussi cristallisé une formation du groupe, après de nombreuses années de galère. Sans surprise, si le répertoire de ce disque de grande classe fait la part belle au rock et à la pop des années 1966-1969, inspiré par les plus grands avec lesquels il rivalise parfois, on a le sentiment d'avoir partagé un instant rare, à l'écart du monde. Bref: si le but est de donner du plaisir en faisant ce qu'on aime faire, alors cet album que je tiens pour le meilleur de Pugwash est une double réussite.

 

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