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Spiral

De musique avant toute chose

The Mamas and the Papas If you can believe your eyes and ears (Dunhill, 1966)

C'est le premier album d'un groupe majeur, désormais probablement coincé derrière une image complètement décalée: quatre artistes vocaux, dont un grand échalas qui portait aussi bien une guitare que des toques en lapin... Deux hommes, un petit et un grand, deux femmes, l'une au physique particulièremen proche de l'idéal féminin des années 62 (filiforme, blonde, grande) l'autre son antithèse assumée... Des hippies, à n'en pas douter; ...vous avez vu cette pochette?

John Phillips (guitare et chant) est donc le principal maître d'oeuvre dun groupe fait de quatre individualités, il est de toutes les compositions sur cet album (au nombre de sept): deux ont été co-signées avec Michelle Phillips, son épouse (la jeune femme mentionnée plus haut), et une avec Denny Doherty, celui qu'on pourrait sans doute considérer comme le principal chanteur. Complétant le quatuor, "Mama" Cass Elliot est sans aucun doute la figure la plus emblématique du groupe. A Doherty dont le style direct et sans fioritures est souvent hérité du folk, elle oppose une lecture plus jazz, plus soul aussi, et un côté incontrôlable qui lui jouera des tours, d'autant que contrairement aux trois autres elle n'aura jamais la main sur les aspects créatifs du groupe... Mais même si à un moment ou un autre, chacun des "Mamas and papas" se voit donné un petit passage par la lumière des projecteurs, par bien des côtés, on finirait par croire que c'est le groupe de Cass Elliot.

Pourtant, ces quatre-là étaient faits pour chanter ensemble, et le prouvent dans toutes les chansons de ce premier album. Dès le début, on remarquera qu'il a fallu un producteur convaincu (Lou Adler) pour oser non seulement confier à ses poulains de la place pour sept de leurs compositions, mais en prime l'album en enquille trois pour commencer. La plus connue est bien sûr Monday, monday, un titre qui n'a pas tardé à devenir un standard. C'est une merveille de construction, qui pourtant sonne comme une évidence, et qui établit très bien la dynamique du quatuor vocal, qui enchaîne couches après couches d'arrangements... Plus conventionnels en restant efficaces, Straight shooter et Got a feelin' poursuivent cette excellente impression. Doherty et Elliot se partagent la vedette sur une excellente reprise des... Beatles: I call your name n'est pas forcément une chanson très connue (c'était l'unique composition de Lennon et McCartney sur le EP Long tall Sally de 1964), mais la version des Mamas and papas est de très haute tenue, qui s'amuse avec conviction de changements de rythme, et de changements de points de vue rendus faciles avec quatre chanteurs compétents dans le groupe! La face A se termine avec Do you wanna dance (une reprise qui a beaucoup servi, proposée ici dans une version très orthodoxe menée par Doherty) et Go where you wanna go, une composition qui met en valeur la dynamique de quartet, opposant souvent les garçons d'un côté et les filles de l'autre. Maintenant ça met en valeur aussi le fait que les enregistrements du groupe multipliaient les voix pour obtenir des murs de son...

La deuxième face est entamée par l'emblématique California Dreamin', non seulement un énorme succès, mais en prime un hymne de l'ensemble des hippies Californiens: quand on est coincé à l'est ou dans n'importe quel autre coin hostile, il convient de rêver de Californie. La réussite ici tient non seulement à la chanson elle-même, mais aussi à l'impressionnante production: l'ensemble de l'album ressemble d'ailleurs à un modèle du genre, avec ss interventions du Wrecking Crew, les musiciens qui hantaient les studios de L.A.: P.F. Sloan, à la guitare, Larry Knechtel aux claviers, Joe Osborn à la basse (quand ce n'était pas Carol Kaye, probablement prise par ses enregistrements avec Brian Wilson) et Hal Blaine à la batterie... Le reste de la face B est dans la lignée de ce qui précède, disons qu'on a un faible pour la très belle version (un peu sage) de You Baby (des Turtles), dans laquelle le jeu des sections garçons-filles est bien mis en valeur, et sinon Michelle Phillips est ici mise en valeur sur Somebody Groovy ( de son mari seul) et sur Hey girl (qu'elle a co-écrit), qui fait un be usage d'un piano volontaire... In crowd, quant à elle, choisit de laisser le dernier mot à sa vedette: la voix très assurée de Cass Elliot, en contrôle, est accompagnée d'un ensemble très soul, dominé par le piano de Knechtel... et un solo d'orgue Hammond de belle facture!

Cet album à la pochette improbable, mai totalement réaliste (ils vivaient à l'époque en communauté dans un taudis et souhaitaient être "au naturel"... C'est plutôt réussi!) est un passage obligé de cette année 1966, celle qui précède la glorieuse année 1967. Durant le Summe of love, les Mamas and papas seront toujours là, mais l'ensemble de leur dicographie, aussi bonne soit-elle, souffre peut-être en comparaison de cet album qui les présente de la façon la plus authentique qui soit, avant le star-system, avant les tensions, avant les excès, les coucheries, les scandales... et la mort de l'une d'entre eux. Un classique...

 

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