Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Spiral

De musique avant toute chose

Stealing Sheep Not Real (Heavenly, 2015)

Trois femmes, trois voix singulières et une voie décidément étrange pour Stealing Sheep, dont Not real (Après Into the diamond sun) n'est que le deuxième album. Jouant (Ou pas?) aux sorcières, les trois musiciennes, une batteuse, une guitariste/bassiste et une pianiste qui aime à jouer sur des synthés-jouets, fournissent une musique à nulle autre pareille, foncièrement différente du premier au deuxième album.

Si la mélodie reste le maître-mot, les luxuriances un peu rêveuses des bulles psychédéliques du premier album laissent ici la place à des paysages dansants, pop dans le bon sens du terme, tout en maintenant un lien fort avec l'avant-gardisme. En dix chansons généralement courtes, elles ont su renouveler leur répertoire de titres forts et riches, versatiles, et qui donnent confiance en l'avenir de ces trois musiciennes... de Liverpool, mais cela ne doit en aucun cas vous influencer, elles auraient pu venir de Bangkok, Rotterdam, ou St Malo de Guersac (Loire-Atlantique). Et leurs chansons, si typiquement anglaises dans leur absence de sens flagrant, sont systématiquement l'occasion de délivrer un point de vue triplement féminin.

Sequence: dès le début on entre dans le vif du rythme, avec une chanson qui semble faire le tour de tout le bric-à-brac que les Stealing Sheep trimballent avec elles: leurs synthés, leurs guitares, basse et la batterie minimaliste. Elles chantent toutes les trois.

Apparition: c'est Emily Lansley (Basse, guitare) qui chante ici, sur un beat simple, et accompagnée uniquement par deux notes de synthé, avant que le refrain "Trouble..." ne vienne, qui multiplie les sons de claviers atour d'elle. La fin est marquée par l'arrivée des choeurs, ses deux consoeurs venant se joindre à Emily. On y entend aussi... la voix d'un choriste. Inattendu.

Not real: la chanson qui donne son titre à l'album nous permet d'entendre le travail singulier de Lucy Mercer (Batterie, percussions) à la voix, qui chante en jouant. Elle impose son timbre clair mais dépassionné sur une chanson intrigante, toujours dansante, et à la progression excitante. On remarque beaucoup Rebecca Hawley (Claviers, guitares) sur les refrains. Il existe une version (particulièrement frappée!) en français de cette chanson qui ne vous quittera plus...

This time: ce quasi-single parfait (mais qui n'est pas sorti en single, au profit de Deadlock) commence, une fois n'est pas coutume, sur la Fender Stratocaster d'Emily, un instrument dont le vibrato est souvent mis à contribution. Les trois filles chantent, mais c'est Emily qui se détache le plus du lot. La mélodie est splendide, les bruitages (Rebecca) semblent en revanche tirer la chanson vers l'avant-garde.

Greed: continuant à explorer une voie plus réflective et psychédélique que le reste de l'album, Greed est une belle chanson aux ambiances inventives, chantée par Lucy. Le jeu entre majeur et mineur, le vague orientalisme de la chose, sont séduisantes, mais un certain malaise s'installe. Il sera dissipé dans le pont magnifique vers 2 minutes. Le travail de percussion de Lucy Mercer est très impressionnant, surtout quand on sait qu'elle chante ce morceau sur scène.

Deadlock: le deuxième de trois singles (le premier était Not real, le troisième Apparition) est chanté par Emily. on sent venir une mélodie, qui ne se matérialise que vers la fin de la première minute. Comme sur Sequence, les filles utilisent tout leur attirail pour un effet impressionnant. Tr-s belle progression, une fois de plus. La soul music fait une apparition avec le Night after night des choeurs , avant un passage très Kraut-rock, dans lequel on entendra distinctement une guitare baritone... pas de doute, elles ont le sens du détail musical.

Evolve and expand: Une guitare acoustique en arpèges... des choeurs éthérés (Dominés par Rebecca, puis Lucy vers la fin): on se croirait un peu revenus aux premiers temps du groupe, à l'époque du EP What if the lights went out. mais tout ici est affaire de contrôle, et la chanson semble surtout une construction savante, dans laquelle la guitare n'est qu'un moyen pratique d'apporter un accompagnement minimaliste. Le gros du travail, ce sont les voix, étonnantes.

Sunk: ce morceau commence avec la guitare et son vibrato, flanquée de claviers (C'est Rebecca qui fournit la basse) et de la percussion de Lucy. Rebecca chante le solo, ici, avec Emily en renfort. Rebecca domine ensuite les passages musicaux, avec son synthé-jouet...

Love: comme Greed, un titre générique et définitif! C'est Lucy qui chante, ici, un texte complexe. La rythmique s'en retourne aux atmosphères dansantes, et on remarque un instrument systématiquement absent de Into the diamond sun: une basse. C'est Emily Lansley qui a de plus en plus tendance à troquer (Y compris sur scène) sa guitare pour une Squier Bronco!

She: Un titre évidemment parfait pour finir un album de nos trois sorcières... Il commence sur un harmonium, vit rejoint par une rythmique dominée par les claviers. Emily chante... Et accompagne les changements d'ambiance de cette dernière chanson étonnante. Une façon très solide de terminer un album qui vous surprendra souvent...

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article