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Spiral

De musique avant toute chose

The Nits Omsk (CBS, 1983)

Voici un album charnière: avant, les Nits ont, en quatre albums, surtout fait la preuve de leur indécision quant à la direction musicale: Pop Liverpudlienne (The Nits), Pop en skai mauve de la new wave naissante (Tent), virage synthétique avec forts relents de cold wave (New flat, Work)...

Bref, tout en avançant, ils se tâtent... Ce qui peut se comprendre, d'une part quand on vient d'un pays qui est comme tant de contrées Européennes, colonisé par la pop anglo-saxonne. Deux événements vont jouer dans la genèse d'un album important: le bassiste Alex Roelofs quitte la scène et le groupe, remplacé par la légende du clavier, et ex-requin du rock progressif Hollandais Robert Jan Stips (fondateur d'un groupe Hollandais légendaire, inspiré de la scène de Canterbury: Supersister); ensuite le groupe, reconstitué autour du piano raffiné et des claviers interlopes de leur nouveau musicien, part en tournée dans toute l'Europe. Ils en sont revenus transformés, décidés à rendre compte en musique de tout ce qu'ils ont entendu et vu. Le résultat sortira en mars 1983, accompagné de deux singles, Nescio, et The Vermillion pencil.

Les trois compositeurs (Stips, Hosftede, Peters), qui ne travaillent pas encore ensemble et font leur chansons dans leur coin, rivalisent d'invention. A noter que ce n'est pas le premier album des Nits à avoir été nommé avec un titre en quatre lettres: Tent et Work ont précédé. Suivront le EP Kilo, les albums Henk, Ting, Wool et la compilation Nest. Quant aux langues, dans ce disque d'un groupe qui va enfin se réclamer d'abord comme une formation Européenne, on peut ici entendre, non seulement de l'Anglais (Tons of ink, Springtime coming soon, A touch of Henry Moore) du Français (Jardin d'Hiver), de l'Italien (Nescio).

Leurs chansons se parent de nouvelles couleurs, de nouveaux sons, et des traces de folklores divers s'invitent un peu partout. Les musiciens posent avec des instruments exotiques voire médiévaux (Dulcimer, pour commencer), et les synthés ne sont pas en reste. Avec l'arrivée dans le groupe de Robert Jan Stips, toutes les limites, depuis les instruments à utiliser, jusqu'au rôle de chacun dans l'échafaudage, explosent, pour créer un son de groupe unique, dans lequel on passe en effet de la guitare acoustique ou électrique, aux synthétiseurs, en passant par des mandolines, dulcimers (oui, ils l'ont réellement utilisé) mais aussi des ondes Martenot. Le son oscille en permanence entre les expérimentations synthétiques à la limite des sons industriels (A touch of Henry Moore, une chanson gonflée pour entamer un album... et qui est devenue un classique incontournable pendant plusieurs années), d'éléments de musique concrète bien intégrés dans la structure narrative (Springtime coming soon, une belle illustration de l'élégance des compositions de Stips, en même temps que de son originalité totale), et les beautés acoustiques du piano à queue et des guitares.

Et Michiel Peters, qui ne restera pas plus de deux ans dans le groupe, y place encore des chansons singulières, qui télescopent les genres et les conventions, comme Unpleasant surprise, qui aurait sonné tellement sixties si elle n'était entièrement interprétée avec des synthétiseurs intelligents. Mais ça reste une chanson dans laquelle une référence à Dylan se fait entendre de manière évidente. On lui doit aussi les étranges Spirits awake et The cold Eye. Henk Hofstede n'est pas en reste; bien sûr, il signe le gros des morceaux de l'album, s'amusant des références médiévales (Tons of ink, Walls have ears), donnant un succès certifié pan-européen au groupe avec Nescio, et écrit l'une des plus belles (et des plus courtes) ballades de toute l'histoire de Nits avec Shadow of a doubt. Et sa voix commence à s'affranchir de ses maniérismes new wave... Je m'en voudrais de ne pas mentionner le travail toujours aussi unique en son genre de Rob Kloet, un batteur qui ne se comporte jamais en batteur mais en percussionniste, et qui s'il ne compose pas dans cet album, est aussi habile à chercher et trouver des manières inattendues de faire de la musique, que ses camarades...

Pour résumer, on peut dire qu'avec cet album, les Nits cessent définitivement (et c'est donc encore valide aujourd'hui pour les trois musiciens qui continuent à jouer ensemble) de céder à leurs influences, mais se laissent enfin aller à faire oeuvre totalement originale...

Quant à Omsk, eh bien... c'est là: 

 

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