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Spiral

De musique avant toute chose

Steven Wilson Home Invasion (Eagle Vision, 2018)

Au moment d'entamer le concert, un film se déroule, dont nous entendons la bande-son (c'est la première plage, intitulée Truth; c'est aussi le seul "inédit", et... le seul moment anecdotique de ce concert); c'est une suite d'images et de mots, qui soulignent essentiellement le paradoxe des médias d'aujourd'hui; c'est surtout une invitation à penser par soi-même, un concept pas éloigné de toute l'oeuvre de Steven Wilson, et qui est au coeur du cheminement de son dernier album, To the bone. Sans être intégralement illustré, ce dernier est abondamment représenté dans cet album live...

Oui, car si Home Invasion (sous-titré In concert at the Royal Albert Hall) est avant tout un film, édité le 02 novembre 2018 en Blu-ray, j'ai décidé de me consacrer ici à l'album, deux CD (ou trois LP) qui totalisent 2 heures et 25 minutes, et contiennent à peu près l'intégralité des différents morceaux joués en trois jours, en mars dernier, par Steven Wilson et la dernière incarnation de son groupe: outre le maître d'oeuvre, qui bien sûr chante, joue de la guitare et des claviers, Alex Hutchings est à la guitare aussi, mais si Wilson le présente comme le soliste, c'est un peu faux: ils se partagent vraiment le poste; Adam Holzman, pianiste, et Nick Beggs, bassiste et joueur de stick, sont là depuis 2012, et le tout est complété par l'excellent batteur Craig Blundell. Sur trois chansons vient se joindre à eux Ninet Tayeb, qui ne vient pas en tant que choriste, mais bien en tant que chanteuse lead, en duo donc avec Wilson (sur Pariah, The people who eat darkness et Blank tapes, tous extraits du dernier album). On entendra aussi, mais sans qu'elle soit créditée sur le boîtier, ni signalée d'une quelconque façon, la chanteuse Suisse Sophie Hunger, sur la chanson Song of I: elle l'avait enregistrée en duo pour l'album To the bone, et ce qu'on entend est cette exacte prestation, en boîte. Un choix contestable, mais réfléchi, puisque c'est de cette façon que Ninet Tayeb "participe" aux concerts auxquels elle ne peut se rendre...

Au menu, donc, le musicien de moins en moins obscur nous livre un florilège en forme de bilan intelligent de son oeuvre. Lui qui peut se vanter d'avoir placé une chanson absolument irrésistible (Permanating) dans la tête d'un grand nombre de gens en 2017-2018, tout en continuant à écrire sur la dépression et la mort, a en effet marqué un grand coup avec son dernier album, qui ouvre au grand public les portes de son petit cirque itinérant, habituellement réservées aux fans de moins en moins chevelus et de plus en plus ventripotents d'un certain rock cérébral, expérimental, et comme on dit: progressif... Et Home Invasion, qui sort alors que la tournée mondiale et triomphale est loin d'être achevée, ne change pas cette donne: tout en livrant à un public conquis les chansons de douze minutes avec solo de 11 mn 30 qu'il attend, Wilson réussit à captiver tout le monde par une exécution impeccable, ses musiciens sont encore meilleurs que d'habitude (l'effet Albert Hall?), et les grands moments se succèdent sans jamais ennuyer...

On appréciera donc les extraits de To the bone, trop nombreux pour être nommés ici, mais disons que ça inclut aussi bien les ballades (Blank tapes) que les chansons plus énergiques (People who eat darkness, et sa Telecaster agressive) ou bien sûr l'exceptionnelle bulle de danse magique qu'est Permanating, pour laquelle Wilson se fend d'un commentaire hilarant); ont été ajoutés aussi des extraits de 4 1/2, à savoir le magnifique Lazarus (déjà au répertoire de Porcupine Tree), et son refrain magique, mais aussi le plus étonnant Vermillioncore, seul morceau intégralement instrumental, qui est propice à la transe; Hand Cannnot Erase est présent à travers deux chanson longues, parmi les plus traditionnelles du style Steven Wilson: Home Invasion/regret #9, et Ancestral (où Alex Hutchings a la redoutable mission de devoir réinterpréter les solos de Guthrie Govan): sinon, la chanson The raven that refused to sing est la seule à être tirée de l'album du même nom. Le reste est fait de thèmes provenant du répertoire du groupe Porcupine tree: à l'exception de Even less (qui date de 1998), les chansons sont toutes extraites de la période "dure", entre In absentia et Fear of a blank planet

...Ce qui fait un sacré parcours musical, avec ses pleins et ses déliés, ses moments de concentration, ses moments de calme et ses embardées furieuses. Sans excès, sans hésitation non plus, sans erreur apparente, Steven Wilson effectue un sans faute: un concert exceptionnel, magnifique à écouter;

Alors pour ce qui est de regarder, vous pouvez également lui faire confiance, le résultat est à la hauteur des espérances... Vraiment.

 

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