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Spiral

De musique avant toute chose

Nits Ting (1992, Columbia)

En 1992, les Nits ont composé, sous la houlette de Robert Jan Stips, pianiste du groupe, une longue suite intitulée Hjuvi, qui devait être interprétée avec un orchestre symphonique pour une série de concerts et un album; Par la même occasion, ils utilisèrent les répétitions pour développer un album, dans leur studio d'Amsterdam, en s'inspirant du curieux son acoustique que leur donnait l'alliage des deux pianos (Stips et Henk Hofstede) et des percussions (Rob Kloet). Le résultat fut Ting, le disque le plus jusqu'au-boutiste du groupe, celui dans lequel ils s'éloignent le plus des clichés de la pop.

Je me permets une petite digression pour rappeler à quel point les Nits, et surtout Henk Hofstede, ont toujours particulièrement apprécié de jouer avec les mots, privilégiant pour les titres de leurs albums les suites de quatre (Tent, Work, Omsk, Kilo, Henk, Wool) ou de trois (Hat, Urk) lettres... Avec Ting! ils jouent sur presque rien: le bruit d'une percussion, utilisée de façon fort discrète sur l'ensemble de l'album, qui débouche sur un jeu entre "Nits" et "Ting", entre le recto et le verso de la pochette de l'album. Aux gens qui aujourd'hui consomment la musique en fichiers disjoints les uns des autres, on a tout à apprendre, et notamment que la musique est souvent indissociable de son contenant. Ce que les Nits ont toujours respecté...

1 Cars and cars 2 Ting! 3 Soap bubble box 4 Fire in my head 5 House on the hill 6 Christine's world 7 Bus 8 River 9 Tree is falling 10 White night 11 All or nothing 12 Night fall 13 I try 14 Yellow boat 15 S.L.A.

Singles: Soap bubble box, Cars and cars, Ting!

Henk Hofstede, Robert Jan Stips, Rob Kloet

Déroutant à la première écoute, Ting déroule une galerie de chansons réduites à leur plus simple expression, notamment par l'utilisation des pianos, qui jouent ici le rôle des guitares, des basses et bien sûr des claviers. Mais il n'y a rien, où presque rien d'autre; tout au plus, ça et là, la présence discrète d'une basse, d'un violoncelle (Mixés en retrait) ou de percussions au sens classique du terme. La batterie de Rob Kloet fournit le fil rouge, d'une façon presque incantatoire: pas de grosse caisse ici, mais un écheveau de percussions, de cloches et de cymbales; Hofstede chante sur treize chansons et Stips sur la quatorzième; pas de grandiloquence, mais chaque chanteur a su trouver le ton et l'émotion juste pour coller au plus près de la mélodie; pour continuer à donner à l'album une certaine étrangeté, l'avant-dernier morceau a été enregistré en direct, mais le public ne se manifeste qu'en agitant des boîtes d'allumettes en guise d'applaudissements. L'ensemble n'est pas accessible facilement, mais une fois apprivoisé, c'est un disque qu'on écoute, et réécoute sans cesse. Le concept du boîtier, basé sur la transparence, ajoute à l'impression d'austérité, mais ce dénuement disparaît à la première écoute des mélodies, parmi les plus belles qu'ait écrites le groupe.

Comme d'habitude, il sera question ici de voyages (Cars and cars), vécu entre angoisse et bonheur, sans qu'on puisse décider vraiment quel est le sentiment qui domine; l'art a toujours eu sa part dans l'oeuvre des Nits, et la chanson Soap bubble box est une énième visite au musée. Ting!, la chanson, se distingue pour sa part en étant une description d'un moment dans la vie, qui fait... "Ting!", comme les percussions utilisées sur l'album. Toujours aussi excentriques et pince-sans rire, les paroles d'Henk Hofstede sonnent souvent comme une quintessence de son talent.

Ting est l'un des chefs d'oeuvre des Nits, un pic de créativité absolu et une grande dose d'émotion pure, qui renouvelle sa magie à chaque écoute; Hofstede lui-même avouait être surpris à chaque fois qu'il entendait des extraits de cet album, une dizaine d'années plus tard.

 

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