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Spiral

De musique avant toute chose

Blur Popscene (Food/Parlophone, 1992)

Popscene est le quatrième single de Blur, produit par Steve Lovell et sorti entre les albums Leisure et Modern life is rubbish. Initialement il était considéré comme le premier extrait de l'album à venir... Qui prenait son temps! Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu, et en particulier, après trois relatifs succès avec She's so high, There's no other way et Bang, le public a boudé cette tentative plutôt novatrice...

L'énergie dont fait souvent preuve Blur dans ses premiers temps est ici particulièrement bien illustrée: sur un tempo soutenu, avec la rythmique sans second degré de Dave Rowntree et Alex James, Graham Coxon fait entendre des accords saturés, et la chanson s'accompagne d'un ensemble de vents du début à la fin. Avec sa voix qui se détache parfaitement au sommet de ce mur du son, Damon Albarn y chante un hymne à l'idiotie de la jeunesse, étant un âge d'imitation sans cervelle. Ce qui me frappe, c'est qu'ironiquement la chanson anticipe fortement sur l'illusion de ce qu'on appellera la Britpop... En 3:14 chaudes comme la braise, le single est fini...

A cette époque, un groupe Anglais profite généralement de la sortie d'un single pour y caser des chansons qui resteront par ailleurs écartées des albums, et le fait d'autant plus que le plus souvent, les labels sortent au moins trois éditions différentes d'un single: en 45 t format 7", en format "maxi" (30 cm), et en CD single. Ajoutez à ça le fait que souvent une version alternative (CD2) du CD existe, et que c'était la période durant laquelle on a testé le single cassette! Du coup, il existe quatre morceaux de complément de ce titre, qui complètent également à leur façon les thèmes de Modern life is rubbish.

Mace est une petite chanson de rien, mais elle est loin d'être sans qualité: il y a là un petit gimmick de guitare, par-dessus une rythmique crétine, qui en font un petit moment de plaisir. De plus, Albarn y utilise l'une de ses spécialités, une mélodie à la voix doublée, sur le refrain.

Badgeman brown commence par un riff bien lourd, Coxon y étant complété par la batterie de Rowntree. Mais la chanson ne se déroule pas comme on attendrait: après un premier couplet, le rythme change... plusieurs fois. Ca donne l'impression d'entendre une chanson de Syd Barrett qui était coutumier du fait... 

I'm fine: Sur un riff tournoyant de guitare (très aigue, on n'a pas l'habitude d'entendre Coxon dans ce registre), Albarn chante en suggérant une ouverture au monde autour de lui. C'est assez plaisant, et si Damon chante un peu dans tous les sens, les choeurs remettent la chanson sur ses rails. La guitare finit de s'accomplir sur un solo, mais oui...

Garden central: comme les autres, ce morceau est largement basé sur un riff de Coxon... ou plutôt sur plusieurs riffs. Elle reste largement instrumentale, accumulant les parties de six cordes, et les choeurs. Ca sonne un peu comme une musique de film, mais on l'imagine bien psychédélique quand même.

Devant l'insuccès total de son single, la décision prise par le groupe a été de ne pas placer Popscene sur l'album Modern life is rubbish: si les jeunes Anglais n'avaient pas voulu l'acheter en single, ils n'en voudraient pas non plus au milieu de quatorze autres... Prudemment, le groupe a aussi infléchi son répertoire dans un autre sens, plus pop, moins bravache... L'album y gagne, à mon sens, mais ce single de jeunes gens fiers de leur énergie nous renvoie quand même à une époque d'immense fierté de la part de musiciens britanniques. le fantôme des Who passe derrière cet hymne rigolard.

 

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