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Spiral

De musique avant toute chose

The Stranglers Feline (Epic, 1982)

Prenant tout le monde à rebrousse-poil, les ex-punks Anglais venaient de traverser une zone de turbulences durant laquelle les albums ne marchaient pas (The raven, pourtant un chef d'oeuvre, pas plus que le certes étrange The gospel according to the Meninblack, n'avaient eu la faveur d'un public qui s'était plus ou moins lassé des frasques de ces pince sans rire), puis ils avaient décroché un succès inattendu avec un titre ô combien atypique (Golden Brown) extrait d'un album étonnant et versatile (La Folie).

Après ces péripéties, les Stranglers ont donc quitté leur maison mère (Liberty/EMI) pour rejoindre la nébuleuse CBS, à travers le label passe-partout Epic... Pas forcément un choix judicieux, mais qui leur garantissait une certaine liberté... à condition toutefois qu'ils vendent des disques. Mais liberté quand même, et surtout un luxe rare: pas besoin de montrer patte blanche, Golden brown et Strange Little girl, les deux derniers hits des années EMI, leur garantissaient une authentique carte blanche pour leur premier album Epic.

Ils ont donc décidé de réaliser un disque qui prenait des chemins inédits, et ont donc allié l'électronique (Synthés, batterie entièrement synthétiques) et l'acoustique (Pianos, guitares voire basse acoustique ça et là), dans des chansons aussi frontales que possible. Les routes prises dans ce beau disque inclassable sont souvent déroutantes, mais constamment empreintes d'une beauté qui a l'air froide de prime abord, mais est surtout très réfléchie... Le thème de Midnight summer dream, mené par Dave Greenfield avec un synthétiseur qui prend toute la place, donne assez bien le ton, et laisse la chanson prendre son temps. Ships that pass in the night allie les guitares acoustiques, un beat électronique sec et insistant, et une montée de la rythmique qui amène un certain suspense, avec des espagnolades assumées. ... Qu'on retrouve ailleurs, sur le très beau European Female. Comme d'habitude, Hugh Cornwell et Jean-Jacques Burnel se partagent le chant, Greenfield occupe le terrain soit au piano, soit aux synthés, et Jet Black assure le strict minimum à la batterie, pas un gramme de plus...

Le thème global, c'est une certaine vision de l'Europe, mais aussi, comme d'habitude, quelques histoires au spleen assez capiteux, avec pourquoi changer les habitudes, une solide dose d'humour à froid. Musicalement, ça passe ou ça casse, on adore ou on déteste. Mais la cohérence et l'étrange beauté du projet, la simplicité accrocheuse des mélodies, ont beaucoup fait pour cimenter l'image des Stranglers, les étrangleurs de 1977, comme des pionniers de l'électro-rock. ...Et la pochette leur ressemble d'ailleurs tellement, qu'on en a pour un temps oublié les délires punks divers (crachats, provocations diverses, shows classés X suite à l'intervention un peu trop interactive de strippeurs et strippeuses sur scène): rien de tout ça dans Feline, l'épure. Etonnant, non?

 

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