Honeybus Girl of independent means / How long? (Deram, 1968)

Survivre  l'abandon d'un membre important: combien de groupes et non des moindres, sont-ils passés par là? Entre les Rolling stones, les Beach Boys avec ou sans Brian Wilson, ou encore Genesis devant faire face au départ de Peter Gabriel, on n'en finirait pas d'énoncer les exemples archi-connus, de formations célèbres, qui après tout, ont plus ou moins bien négocié les crises de ce genre, certains en devenant même des spécialistes: on se souvient du film Spinal Tap, de Rob Reiner, racontant comment les membres de ce groupe Anglais fictif avaient régulièrement à faire face à des remplacements de batteur (certains avaient d'ailleurs été victimes de combustion spontanée...): les Red Hot Chili Peppers, eux, sont passés dans l'histoire pour la longue liste de leurs guitaristes. Et à trois reprises (avec la mort de Hillel Slovak, puis les deux arrêts de jeu de John Frusciante), on les a prédits finis...

Donc, Ray Cane qui avait aux côtés de Pete Dello présidé à la fondation du groupe en 1966, s'est logiquement retrouvé à la tête d'un groupe, dont le label Deram pensait légitimement qu'il n'y avait aucune raison de ne pas attendre d'eux qu'ils récidivent, après la surprise de I can' let Maggie go, en sortant d'autres titres appréciés du public...

Il n'en sera rien.

Mais ils auront essayé: le premier single de la nouvelle équipe (avec toujours Cane, Kircher et Hare, complétés par le guitariste soliste Jim Kelly en remplacement de Pete Dello) sera évidemment écrit par Ray Cane. Bien que confiné jusqu'à présent aux faces B de singles, le bassiste sait y faire, et a fait sienne la motivation de Dello pour créer une musique certes ancrée dans le rock de cette fin de décennie, mais résolument tourné vers les arrangements ambitieux. Et le label Deram n'attend pas autre chose...

Girl of independent means est donc un morceau particulièrement soigné, avec pour commencer le Honeybus acoustique, propulsé comme il se doit par Pete Kircher, mais accompagné d'une section de cuivres (au sens strict: des trompettes et des trombones) qui donnent un petit air soul bien entraînant. Sur les refrains, on entendra ne résurgence des arrangements de I can't let Maggie go: une section de bois, certes discrète... Les efforts n'ont pas manqué pour tenter de faire de cette chanson un digne successeur de Maggie, mais la chanson qui me semble la plus intéressante des deux est la face B...

How long? sera l'année suivante l'un des morceaux retenus pour figurer dans l'album Story, le seul jamais enregistré et sorti par le groupe durant ses six années d'activités plus ou moins régulières... C'est donc le morceau le plus représentatif de la nouvelle équipe, mettant bien en valeur la guitare de Jim Kelly, et totalement dépourvue de toutes section de cordes ou de vents... Et d'ailleurs, la chanson est un effort collectif, de Kircher, Cane et Hare.