Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Spiral

De musique avant toute chose

Caravan Waterloo Lily (Deram, 1972)

Le quatrième album de Caravan est à la fois un tournant et un album de transition, ce qui n'est pas donné à n'importe quel disque! Les racines de cette situation particulière sont à trouver dans l'insuccès particulièrement injuste de leur troisième LP, In the land of grey and pink, qui va pousser le claviériste David Sinclair à partir pour rejoindre Robert Wyatt... Le départ du principal soliste de Caravan, et du principal artisan du morceau le plus emblématique du groupe, Nine feet underground, ne pouvait pas passer facilement.

Le remplacement de Sinclair est Steve Miller, un organiste plus versé sur le jazz, et qui avait un goût prononcé pour les morceaux naissant de l'improvisation... Ce qui, dans un groupe profondément démocratique mais attaché à l'idée de commencer par apporter des chansons à peu près finies au reste du groupe avant de commencer à les triturer, était bien sûr un problème... Surtout pour Pye Hastings, le guitariste-chanteur-leader de la formation.

Waterloo Lily, la chanson qui ouvre l'album (La seule chantée par Richard Sinclair), ne laisse pourtant rien paraître du malaise. Miller n'est pas Dave Sinclair, mais s'intègre bien à la chanson (signée par les trois autres) dans cette histoire limite de prostituée surdouée... C'est avec l'instrumental Nothing at all/It's coming soon (la deuxième partie étant due au clavier) que les ennuis commencent, dans ce qui est un exercice jazzy en diable, mais un peu vain, dans lequel on a parfois l'impression que Hastings et Coughlan deviennent un peu les sidemen de Miller et Richard Sinclair. Hastings tente bien l'improvisation lui aussi, mais on ne le sent pas forcément motivé. Miller fournit aussi la chanson Songs and signs, sur un tempo latin léger, et ça leur convient bien mieux... 

Sur la deuxième face, on trouve Aristocracy, un rescapé des séances de In the land of grey and pink, sur lequel Pye Hastings reprend le pouvoir sur un tempo soutenu, puis une longue suite comme le groupe en a le secret depuis leur premier album: The love in your eye va devenir un passage obligé des concerts dans les années à venir, et en particulier restera comme le premier flirt de Caravan avec un orchestre classique. A ce titre, c'est une grande réussite, qui porte en germe les développements futurs du groupe avec le New Symphonia en 1974. L'album se termine sur The world is yours, une chanson dominée une fois de plus par les guitares, et qui représente encore le versant le plus pop du groupe. 

C'est tout sauf un mauvais album, mais la mayonnaise ne prend pas, et on passe d'un style à l'autre sans être convaincu... Et surtout, on y sent la fin d'un cycle, et à peine le début d'un autre: le cycle qui s'achève est celui de la participation de Richard Sinclair à Caravan. L'idée de porter le choix du groupe sur Steve Miller était la sienne, car le bassiste entendait faire évoluer Caravan vers un univers plus inspiré du jazz, à l'imitation de Soft Machine. Tirant les leçons de la fin de l'alchimie entre lui et Hastings, il partira et ira fonder Hatfield and the North avec... Steve Miller, bien sûr. Et Caravan renouvelé pourra partir dans de nouvelles directions intéressantes, avec l'album suivant, For girls who grow plump in the night: un album à cinq musiciens, cette fois...

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article