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Spiral

De musique avant toute chose

XTC 3DEP (Virgin, 1977)

Entre le nom du groupe, dont la prononciation de l'acronyme donne un résultat (mais uniquement en anglais, hein) puisqu'on obtient à peu près le mot Ecstasy (Extase, pas le produit dopant), et le titre du disque, qui joue à fond la carte du code crypté, alors qu'il annonce la couleur (un EP en 3 dimensions, soit un "3d E.P."), la première production d'XTC se pare de couleurs abstraites et volontiers ludiques. C'est leur seul disque sorti en 1977, mais il est plus raisonnable de le considérer comme un ballon d'essai pour le label, le groupe, et le producteur John Leckie. 

XTC est alors formé de quatre musiciens, qui tournent 200 jours par an ensemble, et c'est une redoutable machine de scène: Andy Partridge, au chant et à la guitare, se charge de la plupart des compositions, et son répertoire remonte jusqu'à 1975 (c'est d'ailleurs le cas de Science-Friction, le premier morceau de l'EP), soit avant que le groupe ne prenne l'opportuniste virage punk... Barry Andrews est le clavier, il joue de deux instruments: un orgue et un piano assez clairement désaccordé. Il ne chante que pour les choeurs, mais entend bien participer lui aussi à la composition... ce qui lui coûtera sa place en janvier 79! Colin Moulding est le bassiste, et chante ses propres compositions, comme ici Danceband. Enfin, Terry Chambers est le batteur, l machine à beat du premier XTC. 

Science-Friction est typique de l'inspiration primale d'Andy Partridge: la science-fiction, si possible dans son versant le plus improbable et le plus kitsch, formait alors le principal terrain de jeu du parolier, et on en aura plusieurs traces sur le premier album du groupe. Le chanteur est ici surpris dans un style qu'il abandonnera bien vite, aussi: une tendance à prononcer chaque phrase avec un degré d'exagération particulièrement prononcé, et une envie de tout expérimenter (Ecoutez la façon par exemple, dont il fait bouger sa voix vers le grave quand il chante "Electricity still lingers" dans le refrain), et de ne pas se préoccuper nécessairement d'etre compris: il lui importe d'abord et avant tout de produire un effet... Tout en étant une sorte de reflet rigolo de la préhistoire du groupe et de sa participation à la vague punk (ah, ces solos foireux d'orgue et de guitare simplifiée!), Science-friction est pétri d'enthousiasme, et c'est toujours aussi communicatif, surtout que la rythmique de Moulding et Chambers est d'une rigueur absolue. Ce qui ne prendra fin qu'avec le départ du batteur en 1983.

She's so square allie une structure et un backing track formidables (et particulièrement soignés) et des paroles d'une bêtise absolue: il raconte l'esprit de 1977, durant lequel tout ce qui venait du passé devait être abandonné (cheveux longs, les Yardbirds...). C'est marrant d'imaginer qu'XTC est en train de conspuer ici tout ce qui fait le fond de commerce du futur groupe psychédélique les Dukes of Stratosphear... Néanmoins la chanson est un plaisir permanent avec ses développements (et un jeu de guitare qui fait mentir tous les imbéciles - et il y en a - qui vous diront que Partridge n'a aucune technique).

Danceband souffre d'un mal qui atteint toutes les chansons de Moulding du premier album aussi: il se force à être dans le coup... Le propos est à peu près le même que sur She's so square, en moins drôle...

A la fin de la face B, un morceau caché et inattendu, d'ailleurs crédité (arbitrairement) à Chambers et Andrews: Goodnight sucker. Une coda punk de 20 secondes, intéressante à débusquer, pas plus...

Les trois chansons "sérieuses" de cet EP ont au moins le mérite de montrer exactement ce qu'était XTC en 1977, au moment de réaliser leur premier album pour Virgin. Ils allaient apprendre vite, bien, et... beaucoup. Oh que oui.

 

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